Marraine de la Nuit de la Lecture, un an après avoir dit non.
Publié le 19 Décembre 2018
Il y a un an, Céline Léger-Danion, conseillère de Françoise Nyssen chargée du livre et de la lecture, m’appelait pour me proposer d’être Marraine de la Nuit de la Lecture 2018, aux côté de Daniel Pennac comme Parrain.
Gast!
J’ai chaud, j’ai froid, j’en tombe à la renverse!
La conseillère de la Ministre de la Culture m’explique pourquoi, comment j’ai été choisie.
Elle me parle peu de mon travail, et me dit que j’ai été remarquée “parce qu’active sur le terrain, notamment auprès des migrants”
Et là catastrophe, tout fout le camp.
Je lui ai donc répondu très calmement :
“Vous savez, dans toutes nos actions avec notre association Encrages, nous dénonçons la politique du gouvernement en la matière!”
Réponse : “Ah bon, ah, ça peut être un problème…”
Silence et étonnement mutuel.
Je demande à avoir plus d’info sur ce rôle de marraine, et demande du temps pour réfléchir.
Quelques jours plus tard, j’ai un coup de fil de la chargée de com’ de la Ministre.
A qui je dois rappeler que je ne me suis pas décidée, puisqu’elle me remercie d’emblée d’avoir accepté. Elle me donne plus de détails sur ce rôle de Marraine, les rendez vous, les choses à faire. Un passage télé à "La Grande Librairie" par exemple.
Je lui dis que je réfléchis, encore.
Je reçois alors un texto de la Ministre, qui me remercie d’avoir accepté.
Heuuu? Ils sont sourds au Ministère?
Je veux réfléchir, oui RÉFLÉCHIR!
Parce que j’ai la poisseuse sensation de ne pas avoir été choisie pour les bonnes raisons.
Si on m’avait appelé en me parlant de mon travail, de mes livres, j’aurais sûrement dit oui, mais si on fait appel à moi pour mes engagements militants, et bien c’est extrêmement compliqué!
Alors j’ai rendu cela très simple, j’ai refusé.
J’ai refusé qu’on utilise cet aspect de moi pour se donner bonne conscience. Je refuse d’utiliser cet engagement pour me faire de la publicité.
Un an après, je suis heureuse d’avoir fait ce choix.
Sur le moment, je suis passée par tous les états, entre flatterie et colère!
L'impression de laisser passer une grande opportunité professionnelle, l'impression de me trahir si j'accepte...
L’important dans tout cela, c’est la liberté.
La liberté de dire non.
Et la liberté de dire un grand oui, au prochain auteur, à la prochaine illustratrice qui sera choisie, je l'espère, simplement parce qu'on aime ses livres!